Holding et intelligence artificielle générative : nouvelles responsabilités juridiques pour les dirigeants

La convergence entre holding et intelligence artificielle générative : enjeux croissants pour les dirigeants

À l’ère numérique, l’intégration de l’intelligence artificielle générative (IA générative) au sein des structures holding transforme en profondeur les pratiques économiques et juridiques. Les dirigeants de holdings qui choisissent d’adopter ces technologies innovantes doivent désormais gérer de nouvelles responsabilités juridiques. Sécurisation des données, propriété intellectuelle, régulation fiscale : autant de défis à anticiper.

Entre opportunités stratégiques et complexification de leurs obligations, les dirigeants de holdings sont confrontés à un paysage légal en constante évolution. L’utilisation de l’IA générative — comme les modèles de traitement automatique du langage (type GPT), la génération de contenus visuels, ou encore la création autonome de scripts financiers — instaure de nouvelles règles du jeu, que nul ne peut ignorer.

Qu’est-ce qu’une holding et quels sont ses usages dans l’économie moderne ?

Avant d’examiner les implications juridiques de l’IA générative, rappelons ce qu’est une holding. En droit français, une holding est une société dont l’objet principal est de détenir des participations dans d’autres sociétés. L’objectif principal est d’optimiser la gestion de groupes de sociétés, tant sur le plan financier que fiscal.

Les principaux avantages d’une holding sont :

  • L’optimisation de la fiscalité grâce au régime mère-fille et au régime d’intégration fiscale.
  • Le regroupement stratégique des actifs et la mutualisation des services entre filiales.
  • La centralisation du pouvoir de décision pour une gestion cohérente des investissements.

Comment l’intelligence artificielle générative s’intègre-t-elle dans une holding ?

L’intégration de l’IA générative dans une holding peut prendre plusieurs formes :

  • Automatisation de la rédaction de rapports financiers ou d’analyses sectorielles.
  • Assistance à la création de contenu marketing ou corporate pour les filiales.
  • Utilisation d’agents intelligents pour la veille concurrentielle ou la modélisation des risques.

Dans les faits, l’IA générative devient un outil stratégique. Elle améliore la prise de décision à différents niveaux et optimise les processus internes, ce qui peut considérablement accroître la compétitivité du groupe.

Les nouvelles responsabilités juridiques des dirigeants de holding utilisant l’IA générative

L’usage de technologies d’intelligence artificielle générative n’est pas neutre sur le plan juridique. Le dirigeant de holding engage sa responsabilité sur plusieurs plans, notamment en matière de protection des données, de transparence algorithmique, de droit des tiers et de régulation sectorielle.

Responsabilité liée à la protection des données personnelles (RGPD)

Si l’IA générative traite des données personnelles — par exemple dans le cadre de l’analyse RH ou du traitement client — la direction de la holding doit impérativement respecter le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Cela implique :

  • La mise en place de procédures de minimisation des données collectées.
  • La documentation précise des traitements réalisés par les outils d’IA.
  • La réalisation d’analyses d’impact (DPIA) si les risques sur les droits et libertés sont élevés.

En cas de défaillance, la CNIL peut engager la responsabilité de l’entreprise, mais également celle du dirigeant personnellement, en cas de négligence caractérisée.

Droits de propriété intellectuelle et contenus générés par l’IA

L’utilisation d’outils comme DALL·E, ChatGPT ou Midjourney soulève des problématiques majeures en matière de propriété intellectuelle. Si l’IA génère du contenu original pour la holding ou ses filiales :

  • Qui est titulaire des droits d’auteur ?
  • Le contenu est-il librement exploitable ?
  • Existe-t-il un risque de contrefaçon d’œuvres préexistantes ?
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Le dirigeant a l’obligation de sécuriser l’origine des contenus utilisés ou diffusés. Il doit veiller à ce que l’IA générative ne porte pas atteinte aux droits de tiers, faute de quoi il pourrait être poursuivi pour contrefaçon ou concurrence déloyale.

Responsabilités fiscales : de nouvelles zones de risque

La gestion fiscale d’une holding nécessite déjà une vigilance constante (régimes d’intégration, flux de dividendes, prix de transfert, etc.). L’introduction d’outils d’IA générative dans les tâches fiscales — comme la pré-analyse de la liasse fiscale ou la simulation de scenarii optimaux — peut améliorer l’efficacité, mais elle peut également engendrer des erreurs ou des biais algorithmiques non détectés.

Le dirigeant doit ainsi :

  • S’assurer que les outils utilisés sont certifiés ou validés par des experts.
  • Documenter les choix fiscaux opérés à l’aide de l’IA.
  • Maintenir le contrôle humain sur les déclarations sensibles.

Rappelons qu’en matière fiscale, les déclarations inexactes, même dues à un logiciel, n’exonèrent pas la responsabilité du chef d’entreprise.

Obligations liées à la transparence et à l’éthique des algorithmes

L’Union européenne se dote progressivement d’un cadre régulatoire concernant l’intelligence artificielle. Le futur AI Act (règlement sur l’IA) introduira l’obligation de transparence sur le fonctionnement des systèmes utilisés, en particulier dans les domaines sensibles tels que la gestion des ressources humaines ou le scoring financier.

Au sein d’une holding, cela implique que les dirigeants :

  • Documentent les choix technologiques effectués.
  • Soient capables de justifier les décisions prises à l’aide de l’IA.
  • Adoptent une charte d’éthique ou de gouvernance de la data.

Les investisseurs, comme les autorités de contrôle, observent avec attention la responsabilité sociale et technologique des entreprises – un sujet qui devient désormais stratégique.

Quels outils et garanties juridiques pour accompagner cette transition ?

Pour limiter les risques juridiques liés à l’IA générative, plusieurs leviers sont à disposition des holdings :

  • La contractualisation avec les fournisseurs de solutions IA, en intégrant des clauses de responsabilité, de confidentialité et de non-violation des droits.
  • La mise en place d’un audit juridique de l’écosystème informatique.
  • La formation juridique et technique des équipes de direction ou du comité stratégique.
  • L’élaboration d’une politique interne d’utilisation de l’intelligence artificielle, avec un encadrement clair des usages autorisés.

L’accompagnement par des professionnels du droit numérique devient indispensable. Avocats, juristes d’entreprise et experts-comptables doivent travailler de concert pour bâtir un cadre adapté à cette mutation rapide.

Un enjeu de gouvernance et de stratégie juridique pour les holdings

En choisissant d’intégrer l’intelligence artificielle générative dans leurs activités, les holdings doivent composer avec une double exigence : capitaliser sur la puissance de l’IA tout en garantissant une conformité juridique solide. Pour les dirigeants, cette nouvelle réalité implique plus que jamais une anticipation des risques et une gouvernance exemplaire.

En définitive, la convergence entre les structures fiscales optimisées et les technologies avancées fait émerger un nouveau profil de dirigeant : stratège, technophile… et fin connaisseur du droit.